La route se devine... Richard Rognet - Elégies pour le temps de vivre - Editions Gallimard Nrf - collection Poésie - octobre 2015
La route se devine à l'horizon,
comme un fil derrière les collines,
au loin, les nuages souhaitent
que tu poses tes doigts sur
leurs contours changeants, ta maison
te regarde, tu entends pépier
les moineaux au bord du toit,
le lierre aux reflets noirs tient
bon, les hortensias triomphent
contre le mur. Qu'attends-tu
ici ? quel souffle ? quel chant ? quelle
enjambée du temps ? quelle réponse
innocente ? quelle question, en somme ?
L'existence se dérobe aux mains
qui s'attardent trop sur les choses,
tout se ressemble à force d'espoir,
il faut tâtonner, suivre
à petits pas ce qui s'échappe
et porte en soi la fierté
du silence et la gloire de l'ombre.
Si ta maison te regarde avec
la minutie d'une interrogation,
c'est pour que tu baisses les yeux
devant le lierre qui monte
à l'assaut des clôtures, pour
que le bleu des hortensias soit
ce morceau de ciel toujours inaccessible.
Ta maison a sa vie, tu n'es
que le locataire des souvenirs
qui l'ont inscrite dans les murmures
des saisons. Tu veux que tes mots
la célèbrent aussi justement que ses pierres
et ses tuiles, mais elle connaît mieux
que toi la cacophonie des jours et
les maladives hésitations des nuits.
Si ta maison te regarde, ne désigne
rien, écarte-toi, ne console
personne - le lierre, les hortensias,
les moineaux, le mur écaillé, ils
n'écoutent que l'inconnu qui divise
ta solitude en des milliers de petites
vies entassées.
Initiation au commentaire en classe de Seconde
Un commentaire, c'est une explication de texte qui nous oblige à réfléchir sur ce que nous lisons. Elle fait appel à notre interprétation des choses. Pour rédiger, des mots simples suffisent. Mais il faut organiser sa rédaction. Il ne faut surtout pas séparer l'étude du style (métaphores, images, mesure des vers, échos sonores, etc...) de la visée du texte (il faut évaluer l'intention de l'auteur, qui sert de fil directeur).
Commenter un texte littéraire, c'est tout bêtement faire des remarques, pour mettre en lumière ce que l'on a compris en lisant le texte. Dans le poème de Rognet, « La route se devine », on voit bien qu'il s'agit d'une description. Que veut nous donner à voir Richard Rognet ? Ensuite, on se pose la question : pourquoi ? Que cherche-t-il à nous dire ? Tout est forcément relié, même si ce qui est sous-entendu dans le poème (l'implicite) doit donner lieu à quelques éclaircissements. La conclusion, enfin, doit indiquer qu'on a rendu explicite l'intérêt du texte étudié.
Le plus simple pour mieux comprendre consiste à parcourir ce qui a été écrit dans les copies de la classe...
En guise d'introduction, quelques phrases piochées dans les copies des élèves :
Le poète ne cesse de renouveler son art par une observation quotidienne enrichie par les souvenirs d'enfance, par la vie que l'on mène, par le sentiment du temps qui passe et de la mort qui s'approche de jour en jour.
Richard Rognet nous donne des frissons lorsqu'il parle de la nature. Il nous parle d'une maison qui lui rappelle des souvenirs.
Ce poème élégiaque nous dessine le tableau d'une nature omniprésente et de son jardin d'ombres. Richard Rognet, en célébrant la nature, nous fait prendre conscience de la brièveté de la vie et de l'incertitude quant à la durée des choses.
I. Quelques formulations des élèves trouvées dans la première partie du commentaire...
Dans la première strophe, Richard Rognet décrit un paysage rural, campagnard. Dans ce paysage se situe une maison, qui occupe une grande place dans le poème. Le poète évoque les oiseaux qui pépient, le fleurissement grandiose le long des murs de la maison avec ce « lierre aux reflets noirs » et des « hortensias qui triomphent », mais aussi des nuages dans le ciel et une route à l'horizon...
La route se devine à l'horizon,
comme un fil derrière les collines,
au loin, les nuages souhaitent
que tu poses tes doigts sur
leurs contours changeants, ta maison
te regarde, tu entends pépier
les moineaux au bord du toit,
le lierre aux reflets noirs tient
bon, les hortensias triomphent
contre le mur. Qu'attends-tu
ici ? quel souffle ? quel chant ? quelle
enjambée du temps ? quelle réponse
innocente ? quelle question, en somme ?
L'existence se dérobe aux mains
qui s'attardent trop sur les choses,
tout se ressemble à force d'espoir,
il faut tâtonner, suivre
à petits pas ce qui s'échappe
et porte en soi la fierté
du silence et la gloire de l'ombre.
Si ta maison te regarde avec
la minutie d'une interrogation,
c'est pour que tu baisses les yeux
devant le lierre qui monte
à l'assaut des clôtures, pour
que le bleu des hortensias soit
ce morceau de ciel toujours inaccessible.
Ta maison a sa vie, tu n'es
que le locataire des souvenirs
qui l'ont inscrite dans les murmures
des saisons. Tu veux que tes mots
la célèbrent aussi justement que ses pierres
et ses tuiles, mais elle connaît mieux
que toi la cacophonie des jours et
les maladives hésitations des nuits.
Si ta maison te regarde, ne désigne
rien, écarte-toi, ne console
personne - le lierre, les hortensias,
les moineaux, le mur écaillé, ils
n'écoutent que l'inconnu qui divise
ta solitude en des milliers de petites
vies entassées.
Initiation au commentaire en classe de Seconde
Un commentaire, c'est une explication de texte qui nous oblige à réfléchir sur ce que nous lisons. Elle fait appel à notre interprétation des choses. Pour rédiger, des mots simples suffisent. Mais il faut organiser sa rédaction. Il ne faut surtout pas séparer l'étude du style (métaphores, images, mesure des vers, échos sonores, etc...) de la visée du texte (il faut évaluer l'intention de l'auteur, qui sert de fil directeur).
Commenter un texte littéraire, c'est tout bêtement faire des remarques, pour mettre en lumière ce que l'on a compris en lisant le texte. Dans le poème de Rognet, « La route se devine », on voit bien qu'il s'agit d'une description. Que veut nous donner à voir Richard Rognet ? Ensuite, on se pose la question : pourquoi ? Que cherche-t-il à nous dire ? Tout est forcément relié, même si ce qui est sous-entendu dans le poème (l'implicite) doit donner lieu à quelques éclaircissements. La conclusion, enfin, doit indiquer qu'on a rendu explicite l'intérêt du texte étudié.
Le plus simple pour mieux comprendre consiste à parcourir ce qui a été écrit dans les copies de la classe...
En guise d'introduction, quelques phrases piochées dans les copies des élèves :
Le poète ne cesse de renouveler son art par une observation quotidienne enrichie par les souvenirs d'enfance, par la vie que l'on mène, par le sentiment du temps qui passe et de la mort qui s'approche de jour en jour.
Richard Rognet nous donne des frissons lorsqu'il parle de la nature. Il nous parle d'une maison qui lui rappelle des souvenirs.
Ce poème élégiaque nous dessine le tableau d'une nature omniprésente et de son jardin d'ombres. Richard Rognet, en célébrant la nature, nous fait prendre conscience de la brièveté de la vie et de l'incertitude quant à la durée des choses.
I. Quelques formulations des élèves trouvées dans la première partie du commentaire...
Dans la première strophe, Richard Rognet décrit un paysage rural, campagnard. Dans ce paysage se situe une maison, qui occupe une grande place dans le poème. Le poète évoque les oiseaux qui pépient, le fleurissement grandiose le long des murs de la maison avec ce « lierre aux reflets noirs » et des « hortensias qui triomphent », mais aussi des nuages dans le ciel et une route à l'horizon...
Richard Rognet a écrit son poème tel un promeneur solitaire qui s'achemine lucidement, presque tendrement aussi, vers un épilogue automnal. Une nostalgie domine dans ses vers. Alors que le poète fait l'éloge tout d'abord de la beauté du paysage, des collines à l'horizon, sous les nuages, et de la nature (lierre, hortensias, moineaux), le passage à la deuxième personne du singulier coïncide avec l'évocation d'une autre paysage, plus intérieur : celui de la mélancolie, de la douleur des souvenirs.
C'est une maison de campagne avec un paysage arboré. Le poète décrit le jardin. Le chant des oiseaux rend l'atmosphère du poème heureuse et pleine de vie, mais aussi mélancolique puisqu'il fait ressurgir des souvenirs. Ce patio a l'air chaleureux et accueillant. La description insiste sur la permanence de ce lieu : la maison, les fleurs restent au même endroit, tout comme les souvenirs d'enfance qui demeurent, alors que les moments de cette douce époque sont passés. Il est donc impossible de les vivre à nouveau.
Dans le vers 25, « le lierre qui monte à l'assaut des clôtures » est une métaphore militaire, car il est comparé à un soldat, vaillant et courageux. Dans le vers 27, nous pouvons discerner la figure de la synecdoque (« ce morceau de ciel » en lieu et place du vaste ciel). Ce qui nous fait revenir aux « contrastes changeants » du début du poème. La métaphore « une enjambée de temps » (vers 12) et surtout le pléonasme au vers 17 (« tâtonner, suivre à petit pas ») permettent d'intensifier l'idée d'incertitude. Par contraste avec l'hortensia (« ce morceau de ciel toujours inaccessible ») qui symbolise les rêves irréalisables, qui jamais ne se produiront.
Le poète personnifie les nuages (« les nuages souhaitent que tu poses tes doigts sur leurs contours changeants »). C'est une invitation à l'évasion, au voyage, car les nuages sont souvent assimilés aux rêves et ils nous emportent vers de nouveaux horizons. Les nuages représentent les rêves de l'enfance, les aspirations à une vie idéale que l'on s'imagine dès notre plus jeune âge.
On peut observer dans ce poème que l'auteur personnifie le paysage et la maison (« nuages qui souhaitent », « ta maison te regarde »). En personnifiant le paysage, on peut croire que la maison vit. On a l'impression que la maison est un être tout puissant : « pour que tu baisses les yeux devant le lierre qui monte [...] elle connaît mieux que toi [...] écarte-toi »). L'homme apparaît en position inférieure au paysage, il n'est que de passage et son existence semble vouée à la solitude. Richard Rognet place l'homme dans un rôle contemplatif (« ne désigne rien, écarte toi... »). Ce qui montre qu'il faut se contenter d'être admiratif sans dire mot. Mais le poète veut néanmoins que nous nous interrogions sur notre finitude. Il interpelle directement le lecteur par unes série de phrases interrogatives : « qu'attends-tu ici, quel souffle ? quel chant ? quelle enjambée du temps ? quelle réponse innocente ? ... ». L'emploi à plusieurs reprises du pronom personnel « tu » souligne bien cette interpellation directe du lecteur.
On s'aperçoit que le poète nous tutoie (« ta maison te regarde »), ce qui rend le lecteur complice du narrateur.
C'est un poème sans rime ni de technique de versification.
Grâce à l'image du lierre, le poète veut montrer que cette plante est agrippée à la maison et qu'elle est très tenace. Tout comme l'homme qui est attaché à sa maison d'enfance et aux souvenirs qui sont gravés à jamais dans sa mémoire. Les oxymores (« la fierté du silence et la gloire de l'ombre ») peuvent correspondre à l'excès d'orgueil des humains.
II. Des tentatives heureuses de certains élèves pour décrypter le sens, pour dévoiler la signification du poème...
L'usage du tutoiement, comme si l'écrivain se parlait à lui-même, nous invite à suivre son chemin, « la route qui se devine à l'horizon ». Il nous parle en confiance, sur le ton de la confidence. Mais le poète, en recourant à la technique de l'enjambement dans les deux premières strophes, veut nous mettre en alerte à propos de la vie, du temps qui passe et qui nous reste.
Dans la troisième strophe, le poète dénonce l'importance exagérée que l'on porte à tout et il nous donne un conseil : « il faut tâtonner, suivre à petits pas ce qui s'échappe ».
Rapidement, on sent son existence lui échapper tristement : Rognet insiste sur ce paradoxe en mettant en opposition une série de verbes (« l'existence se dérobe », « qui s'attardent », « suivre à petit pas », « ce qui s'échappe ».
Cette poésie est une poésie lyrique, le poèe aborde généralement des émotions et des sentiments liés à l'existence : les thèmes récurrents sont l'amour, les souvenirs, la vie, la mort.... Le poète évoque ce qu'il ressent, mais aussi ce que peuvent ressentir tous les hommes. Grâce au lyrisme, Richard Rognet exprime librement une émotion, un bouleversement de sa sensibilité ; il exploite bien souvent le registre pathétique ou mélancolique, afin d'émouvoir le lecteur. Le vocabulaire employé est fréquemment expressif, de même que la ponctuation : « Qu'attends-tu // ici ? quel souffle ? »
Cette poésie est une poésie lyrique, le poèe aborde généralement des émotions et des sentiments liés à l'existence : les thèmes récurrents sont l'amour, les souvenirs, la vie, la mort.... Le poète évoque ce qu'il ressent, mais aussi ce que peuvent ressentir tous les hommes. Grâce au lyrisme, Richard Rognet exprime librement une émotion, un bouleversement de sa sensibilité ; il exploite bien souvent le registre pathétique ou mélancolique, afin d'émouvoir le lecteur. Le vocabulaire employé est fréquemment expressif, de même que la ponctuation : « Qu'attends-tu // ici ? quel souffle ? »
Dans le poème, le seul temps utilisé est le présent, composé sur le mode indicatif (« ta maison te regarde, a sa vie ») ou impératif (« ne désigne rien, écarte-toi, ne console personne »). Ce poème est construit en vers libre, à la manière de Jules Laforgue : « J'oublie de rimer, j'oublie le nombre de syllabes, j'oublie la disposition des strophes, mes lignes commencent à la marge comme de la prose » (lettre de Jules Laforgue à Gustave Kahn – 1886).
La fin des vers de Richard Rognet ne coïncide pas toujours avec la fin d'une unité grammaticale. Celle-ci se poursuit au début du vers suivant, ce qui provoque un effet de rallongement, de continuité et de mise en relief. Le phénomène est appelé un enjambement ; on appelle le groupe qui commence le vers un rejet (« qui l'ont inscrit dans les murmures des saisons. Tu veux que tes mots... »). Cependant, on peut identifier aussi des contre-rejets lorsque l'unité grammaticale commence en fin de vers (« les moineaux, le mur écaillé, ils n'écoutent que l'inconnu qui divise »).
Le poème nous amène à nous poser des questions sur le sens, sur le but de notre vie. Nous ne possédons rien. On peut donc penser que l'essentiel dans la vie reste les choses immatérielles, comme les sentiments, les liens affectifs, les songes. Ou les désirs, représentés à plusieurs reprises par le « ciel », ou par des sentiments négatifs suggérés par l'image des « maladives hésitations des nuits » qui nous réveillent dans la nuit. Le poème nous invite à essayer de regarder tout ce qu'on a vécu pour en tirer des conclusions afin d'envisager notre avenir avec sérénité.
On vit au jour le jour, sans savoir ce qui nous attend demain : « quel souffle ? quel chant ? quelle enjambée du temps ? ». Tout cela est inconnu pour nous. Le temps passe et il fait tourner celle des moulins (« tout se ressemble à force d'espoir, il faut tâtonner, suivre à petits pas ce qui s'échappe »). La vie n'est pas un chemin de roses. La rose est belle, mais elle a des épines. On pense avoir le temps. On passe son temps à dire adieu à ceux qui partent jusqu'au jour où on dit adieu à ceux qui restent. Ce que nous croyons posséder n'est qu'illusion. Nous ne sommes que les maillons éphémères d'une chaîne qui traîne à ses pieds un fantôme nommé temps, qui court à l'infini, droit sur le néant. La vie supplante à la longue les souvenirs, car c'est en prenant conscience que les choses sont éphémères qu'on les apprécie à leur juste valeur et qu'on a envie d'en savourer chaque minute. La vie du présent tisse celle de l'avenir. Comme beaucoup de poètes, Richard Rognet est hanté par le mystère insondable de l'existence.
Tout au long de ce poème, les verbes sont conjugués au présent, ce qui accentue l'intensité du moment présent.
Les dernières strophes sont en rapport avec la vie. Bien sûr, « l'hésitation des nuits » fait référence à un réveil brusque dans la nuit à cause des choses qui peuvent nous tourmenter.
Les métaphores (« cacophonie des jours », « les maladives hésitations des nuits » expriment le vacarme, le charivari, le chaos. Tout laisse entendre que la vie n'est pas un fleuve tranquille, un lit de roses. Il y a tant de choses qui nous blessent, nous tracassent, au point de nous réveiller pendant la nuit. La vie n'est pas une ligne droite, une ligne d'horizon. L'image de la « cacophonie des jours » nous fait ressentir un désordre perpétuel de la vie. Il faut se battre dans la vie et affronter la réalité. La vie est faite d'imprévus. Mais tout vaut la peine d'être vécu.
On s'aperçoit du temps qui passe. On essaye de se défaire du passé, mais il s'inscrit dans le futur. Beaucoup de souvenirs sont incrustés dans les murs. C'est un leitmotiv dans le texte : les choses de la vie sont éphémères. On ne doit pas s'attacher trop aux choses et aux souvenirs. Il faut affronter la réalité. Le futur nous tend les bras.
Quelques phrases conclusives piochées en fin de copie...
Pour conclure, Richard Rognet fait appel dans son poème à une plénitude du silence et à des émotions que chaque lecteur peut ressentir lui-même. On peut même parler de texte philosophique.
Que veut nous dire le poète ? Que notre passé doit être une référence et non une résidence.
Richard Rognet a magnifiquement exprimé la mélancolie. La définition de l'art poétique par Paul Eluard correspond bien avec ce poème qui nous pousse à réfléchir : « Le poète est celui qui inspire, bien plus que celui qui est inspiré ».
Une partie de la copie d'une élève de la classe, S.L.J






Lien avec le corrigé du professeur (commentaire du même poème, "La route se devine") :
http://bmirgain.skyrock.com/3271432866-La-route-se-devine-et-autres-poemes-de-Richard-Rognet.html
Distinctions de Richard Rognet
Richard Rognet a obtenu les prix Charles Vildrac de la Société des Gens de Lettres (1977 pour « L'Epouse émiettée »), Louise Labé (pour le Transi), Max Jacob (1989), Théophile Gautier (1993), Apollinaire (1997), Louis Montalte (pour « Seigneur vocabulaire ») et, pour l'ensemble de son œuvre, le grand prix de poésie de la Société des Gens de Lettres ainsi que le prix Alain Bosquet.
Membre de l'Académie Mallarmé, Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres...

Bibliographie de Richard Rognet
* Spasmes - 1966
* Tant qu'on fera Noël, Paragraphes littéraires de Paris, 1971
* L'Épouse émiettée, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1977, (prix Charles Vildrac 1978)
*L'Eternel détour, Le Verbe et l'Empreinte, 1983
*Le Transi, Belfond, 1985 (prix Louise Labé 1985)
*Je suis cet homme, Belfond, 1988 (prix Max Jacob 1989)
*Maurice, amoroso, Belfond, 1991
*Recours à l'abandon, Gallimard, 1992
* Recul de la mélancolie, Épinal : éditions Amis de Hors Jeu, 1994
* Chemin Bernard, Le verbe et l'empreinte, 1995
* Lutteur sans triomphe, L'Estocade, 1996 (prix Apollinaire 1997)
*Petits poèmes en fraude, Gallimard, 1980, 1997
*La Jambe coupée d'Arthur Rimbaud, Editions Voix, Richard Meier, 1997
* L'Ouvreuse du Parnasse, Le Cherche midi éditeur,1998
*Seigneur vocabulaire, Editions La Différence, 1998 (prix Louis Montalte 1998, décerné par la Société des Gens de Lettres)
*Belles, en moi, belle, La Différence, 2002
*Juste le temps de s'effacer, Ni toi ni personne, Cherche Midi, 2002
*Dérive du voyageur, Gallimard, 2003 - (Prix Théophile Gautier 2004, décerné par l'Académie française)
*Le visiteur délivré, Gallimard, 2005
*Le promeneur et son ombre, Gallimard, 2007
*Un peu d'ombre sera la réponse, Gallimard, 2009
*Le Visiteur délivré, Gallimard, 2005
*Le Promeneur et ses ombres, Gallimard, 2007
*Un peu d'ombre sera la réponse, Gallimard, 2009
*Élégies pour le temps de vivre, Gallimard, 2012
*Dans les méandres des saisons, Gallimard, 2014
* Elégies pour le temps de vivre, suivi de Dans les méandres des saisons, diptyque avec préface de Béatrice Marchal, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 2015
Pour lire quelques poèmes de Richard Rognet :
http://www.wikipoemes.com/poemes/richard-rognet/index.php
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/02/richard-rognet-po%C3%A8te-vosgien.html
http://www.academie-mallarme.fr/
Fonds Richard Rognet à la B.M.I. d'Epinal (48 rue Saint-Michel à Epinal)
http://www.bmi.agglo-epinal.fr/exploitation/
Etudes sur la poésie de Richard Rognet
* Michel Caffier, « Richard Rognet », dans Michel Caffier, Dictionnaire des littératures de Lorraine, volume 2, Metz, Editions Serpenoise, 2003
*Marie-Claire Dumas, « Richard Rognet », dans Dictionnaire de poésie : de Baudelaire à nos jours, Paris, P.U.F., 2001
*Robert Sabatier, « Richard Rognet », dans Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, volume 6, tome 3 : La poésie du XXe siècle : métamorphoses et modernité, Paris, Albin Michel, 1988
Texte pour le plaisir d'entendre le conteur Richard Rognet :
Du palais d'un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S'empara ; c'est une rusée.
Le Maître étant absent, ce lui fut chose aisée.
Elle porta chez lui ses pénates un jour
Qu'il était allé faire à l'Aurore sa cour,
Parmi le thym et la rosée.
Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Janot Lapin retourne aux souterrains séjours.
La Belette avait mis le nez à la fenêtre.
O Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ?
Dit l'animal chassé du paternel logis :
O là, Madame la Belette,
Que l'on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays.
La Dame au nez pointu répondit que la terre
Etait au premier occupant.
C'était un beau sujet de guerre
Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant.
Et quand ce serait un Royaume
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
En a pour toujours fait l'octroi
A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi.
Jean Lapin allégua la coutume et l'usage.
Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis
Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils,
L'ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis.
Le premier occupant est-ce une loi plus sage ?
- Or bien sans crier davantage,
Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis.
C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
Arbitre expert sur tous les cas.
Jean Lapin pour juge l'agrée.
Les voilà tous deux arrivés
Devant sa majesté fourrée.
Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause.
L'un et l'autre approcha ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.
Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux Rois.
Le Chat, la Belette et le petit Lapin - La Fontaine – Livre VII – fable XVI
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