Dans son ouvrage intitulé « Les figures du discours » et publié de 1920 à 1831, Fontanier proposait la définition suivante de ce mot : "La catachrèse, en général, consiste en ce qu'un signe déjà affecté à une première idée, le soit aussi à une idée nouvelle qui elle-même n'en avait point ou n'en a plus d'autre en propre dans la langue. Elle est par conséquent tout trope d'un usage forcé et nécessaire". Fontanier distingue la métaphore considérée comme figure de style de la métaphore-catachrèse. Le principe de substitution permet de distinguer entre les deux types de métaphore. La figure métaphorique est caractérisée par Fontanier comme étant substituable, contrairement à la catachrèse qui n'est pas substituable. Prenons la catachrèse issue du mot « aile ». Au sens strict, il s'agit de l'aile d'un oiseau. On ne peut pas substituer un autre mot que celui-là pour dire l'aile d'un avion, ou bien encore l'aile d'un bâtiment, c'est la même chose pour la tête d'un clou, la tête d'une épingle, le pied d'une montagne ou le flanc d'un navire. Parfois, il nous manque des mots afin de pourvoir à des besoins nouveaux de dénomination. On réutilise alors des mots déjà existants, auxquels on fait subir une transformation, une modification de sens...On donne une nouvelle signification à un mot (faire un créneau pour se garer), par comparaison avec une réalité donnée (le créneau de la muraille d'un château fort). Puisqu'il y a création d'un nouveau sens, la catachrèse est donc un néologisme. Et comme elle est une nécessité par défaut de mots, elle se distingue de la métaphore qui elle, reste un ornement pour le style (la langue paraît, aux yeux des poètes, ne pas offrir de termes propres pour exprimer une réalité qu'ils souhaitent évoquer). Le passage d'un sens à un autre, d'un premier sens (sens propre, sens strict) à un sens secondaire (sens figuré, imagé) désigne le processus tropologique, autrement dit le procédé de création d'un trope. La métaphore est considérée comme la figure la plus élaborée, la plus complexe des tropes. Le locuteur donne un autre sens au mot en se fondant sur une impression ou une interprétation personnelle. Le procédé de la catachrèse répond, on l'a vu, à un besoin de dénomination, on a recours à un nouveau mot pour dénommer une réalité nouvelle ou bien que l'on considère comme telle. Par exemple, au volant de son véhicule, on veut se ranger entre deux voitures déjà en stationnement le long d'un trottoir, on fait un créneau. Le mot créneau est une catachrèse. Beaucoup de mots qui semblent avoir un sens propre, un sens premier, ont en réalité une origine catachrétique : la feuille (de papier), le bureau (d'avocat), un cadre (dirigeant d'entreprise), la balkanisation...La catachrèse est obtenue par métaphore (métonymie ou synecdoque). Le processus repose sur un rapport d'analogie entre le premier sens et le second sens (catachrétique) : la feuille (de papier) est plate, très mince, à l'image de la feuille d'un arbre...Une glace (pour dire miroir) est plane, luisante, comme la glace qui recouvre un étang, un lac. Résumons... Le mot catachrèse est issu du grec ancien κατάχρησις (katákhrêsis), formé de kata et krèse. Littéralement, krèse veut dire usage, emploi et kata signifie en-bas, autrement dit, « emploi abusif», mot détourné de son sens propre. Cette figure de rhétorique constitue, on l'a vu précédemment, l'un des procédés - avec l'emprunt lexical ou le néologisme - par lesquels le lexique d'une langue s'enrichit. Elle donne un sens nouveau à un mot ou à une expression qui existe déjà. C'est ce qu'on appelle une extension de sens. La catachrèse donne plus d'étendue à un mot et en même temps elle supplée à l'insuffisance des termes dans notre langue française (les bras d'un fauteuil, un bras de mer, ferrer un cheval...).
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